Le mystère Rapa Nui

Erigées par les Polynésiens, premiers habitants de cette île très isolée, ces statues monumentales appelées Moaï étaient destinées à honorer les ancêtres et à marquer le pouvoir du clan. Au fil du temps, elles sont devenus de plus en plus grandes et sophistiquées. Cette frénésie de construction a entraîné une pénurie des ressources de l’île et une détérioration de l’ordre social. Concomitantes à l’arrivée des européens (milieu du 18ème siècle), des rébellions à l’intérieur des clans ont éclaté et les statues ont été jetées de leur piédestal. Des archéologues du XXème siècle ont restauré certains sites et leur ont redonné leur aspect initial.

Ce premier site se trouve devant la plage d’Anakena, point d’arrivée des premiers Polynésiens il y a 700 ans, sans doute en provenance des Marquises.
Les statues proviennent toutes d’une unique carrière. On a retrouvé des centaines de statues en cours de fabrication, pour beaucoup enterrées par le glissement progressif de la terre le long de la colline. Les Moaï tombés pendant le transport étaient laissés sur place. Imaginez la difficulté pour déplacer ces tonnes de pierres et les installer aux 4 coins de l’île !

Ahu Tongariki, le site qui comporte le plus de moaï, se situe en contrebas de cette colline. Le nombre impressionnant de statues (15 comme une équipe de rugby 😉 ) s’explique probablement par la proximité de la carrière et la puissance du clan.

On retrouve des vestiges des plates-formes (Ahu) tout autour de l’île ainsi que des traces d’habitations. Un seul site au milieu des terres avec les Moaï regardant vers la mer : mais les spécialistes pensent qu’un village existait entre eux et la mer et que leur regard était tourné vers ce village.

Près de la seule ville de l’île, Hanga Roa, se trouve un autre site qui possède le seul Moaï avec des yeux faits en corail.

L’île est formé de 3 très anciens volcans qui ont façonné le caractère de Rapa Nui : les moaï sont en pierre volcanique ! Pas de rivière, ni d’eau douce excepté dans le cratère Rano Kau où la population venait en puiser. Une hypothèse récente : la situation des plates-formes a peut-être à voir avec des résurgences d’eau douce épisodiques. A confirmer !

L’ordre social entre les clans était maintenu par la compétition annuelle de « l’homme-oiseau ». Chaque chef de clan désignait son champion qui devait, nu, descendre une falaise de 32 mètres, puis parcourir à la nage 2km pour rejoindre l’île aux oiseaux et ramener un œuf de sterne dans un chiffon autour de sa tête. Le gagnant – le plus rapide – permettait à son chef d’être « l’homme-oiseau », sorte d’intermédiaire avec les dieux. Il habitait pour un an la plus belle maison.

Après avoir failli disparaître, suite à une capture de la quasi totalité de la population par les Péruviens pour en faire des esclaves, les habitants (3.000) prospèrent de nos jours grâce au tourisme.

Sous l’égide du Chili, et grâce au classement par l’Unesco, Rapa Nui est un parc national protégé. Les splendides paysages volcaniques, la mer puissante et dangereuse, les chevaux laissés en liberté et les protecteurs vigilants donnent à cette île une atmosphère exceptionnelle et mystérieuse. C’est à regret qu’on l’a quittée.

4 Comments

  • L’expression des Moais, me fait vaguement penser au photomaton de la préfecture. Surtout pas de sourire !
    de là à penser qu’ils envisageaient tous de passer des frontières….
    Et comme évidemment personne n’a osé lancer le sujet dans les commentaires, je me lance : André, change de maillot de bains lorsque tu pars faire du Paddle.
    Trêves de plaisanterie, c’est encore une fois sublime et j’ai savouré les explications. Merci pour ces partages.

  • Convaincant, le nouveau Moai trendy à lunette de soleil! J’aurais presque peur qu’il ne se fasse embarquer par le beau et athlétique pascuan voguant à vive allure sur son mât-pirogue!!!
    Savez-vous qu’après la Lune, l’île de Pâques serait l’endroit le plus éloigné de toute terre que des hommes aient conquis… un gros caillou tout empreint de mystère et de magie au beau milieu de l’océan souvent impétueux…
    Merci de nous avoir replongés dans l’atmosphère si particulière de cette île énigmatique et fascinante
    .

  • Bravo pour ce remarquable et très documenté reportage sur l’Île de Pâques.
    Mention spéciale pour la dernière et impressionnante photo avec « MoaïBribri » !
    A coté de cette énigmatique statuaire en pierre, les Pascuans ont cultivé un art discret, infiniment varié conservé loin des regards: des statuettes en bois anthropomorphes, êtres hybrides mi homme mi oiseau, hommes lézards,poissons et tant d’autres qui témoignent de la complexité de leur mythologie et le génie de ce peuple sculpteur qui nourrira et nourrit encore l’imaginaire artistique dans le monde
    A partager avec vous cette photo de statuette Moai Tangata Moko pour écarter les mauvais esprit des maisons

    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f0/Moai_Tangata_Moko.jpg

    Bon voyage … Je vous embrasse

  • bonjour
    Très beau blog
    Ca nous donne envie de repartir
    Yves et Ghis
    (personnes rencontrées à l’aéroport de l’ile de PÄQUES)

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